Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour avoir accepté cette interview ! Vous me faites vraiment un très grand honneur. Je vous admire et j’admire surtout le talent que vous avez pour écrire, pour transmettre des émotions. En effet, j’ai adoré votre roman, non en fait… je l’ai aimé, comme je n’avais jamais aimé un livre depuis longtemps...
- Commençons par des questions qui vont nous permettre de mieux vous connaître en tant qu’auteure ! Depuis quand écrivez-vous ? Était-ce le métier que vous souhaitiez exercer ou est-ce arrivé en pleins milieu de parcours ?
J’ai grandi sans télévision, et j’ai avant tout aimé lire. Je n’ai jamais songé à devenir romancière. J’écrivais des poèmes, ou de petits textes, mais c’est l’éditeur Robert Lafont, que j’ai rencontré en 2006, qui m’a poussé à écrire mon premier roman, Lucine. Il était « retiré » des affaires, mais possédait un esprit alerte, et je déjeunais régulièrement avec lui. Il m’a énormément apporté, et je l’aimais beaucoup.
- Que représente l’écriture pour vous ?
C’est un mode d’expression et de transmission privilégié. J’adore les mots, ils forment une mélodie qui m’enchante !
- Avez-vous « un rituel d’écriture » ? Des horaires ? Ou tout s’enchaîne selon vos humeurs, votre envie du moment, vos disponibilités etc… ?
Je suis très matinale, j’écris mes romans à 3 heures du matin. C’est mon heure favorite, même s’il m’arrive d’écrire aussi à d’autres moments.
- Etes-vous sensible à la critique littéraire ? Que pensez-vous du traitement qu’elle vous réserve généralement ?
Je ne fais pas partie des auteurs attendus par la critique littéraire, aussi je n’y suis pas particulièrement sensible. D’autant que la plupart du temps, la triste réalité c’est que les journalistes ne lisent pas les livres dont ils parlent.
- Considérez-vous qu’il y ait un changement entre votre premier roman « Lucine » paru en 2007 et votre dernier « Les petits soleils de chaque jour », paru en 2016 ? Que ce soit une évolution au niveau de l’écriture ou même au niveau des sujets que vous abordez ?
Lucine était plus littéraire. Le sujet, l’histoire d’une jeune arménienne au début du 20ème siècle, qui va vivre le génocide arménien, s’y prêtait. Je crois que ce que l’on retrouve dans Lucine, Le pays sans Adultes, ou encore dans Les petits soleils de chaque jour, c’est que je parle de l’enfance, et que j’écris plus avec ma sensibilité qu’avec mon mental.
- Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à nos lecteurs rêvant de devenir écrivain ?
Lisez des livres, et si vous souhaitez écrire, si vous avez un sujet, facilitez-vous les choses en mettant vos idées sur papier, en faisant un plan, des fiches sur les personnages etc… Ça balisera le terrain et vous donnera des repères.
- Maintenant, place aux questions concernant « Les petits soleils de chaque jour ». Roman que j’avais reçu lors d’un partenariat et qui est devenu, non sans surprise, mon coup de cœur de l’année ! En effet, lorsque je l’ai lu, je n’ai cessé d’être emportée par ce flux d’émotions intenses, d’amour, de fragilité mais également, de bonheur intense. Tout au long de ma lecture, mon cœur était comprimé tant les émotions que vous transmettiez étaient fortes… Comment avez-vous réussis à faire cela ? Est-ce naturel ou cela vient-il d’un travail d’écriture bien précis ?
Je suis touchée que vous ayez perçu tout cela. Je pars toujours d’une émotion pour écrire. J’écris avec mes émotions, c’est mon fil. Ça me touche que vous le ressentiez. Le travail consiste, pour moi, à ancrer cette émotion dans le réel, à la transmettre via des situations construites, à l’incarner.
- Après avoir écrit ma chronique, j’ai décidé d’en lire quelques-unes pour voir ce que les autres blogueurs avaient pensé de ce trésor que vous avez rédigé. Je voulais savoir si d’autres avaient partagé ce coup de foudre et j’ai vite constaté que ce qui revenait le plus souvent concernait le message que vous aviez transmis ou en tout cas, que vous sembliez vouloir transmettre. Celui-ci étant de profiter au maximum des choses simples de la vie. En tant que lectrice, je suis d’accord avec cela mais je pense que le message va plus loin, beaucoup plus loin. Je me trompe peut-être mais… j’ai cru constater que vous touchiez à beaucoup de sujets et que vous ameniez même un peu de psychologie ou de psychanalyse au travers de certains personnages. On sent aussi une certaine spiritualité qui s’en dégage… A mes yeux, vous nous donnez beaucoup plus que des petits soleils de chaque jour, vous nous apprenez à comprendre la gestion des émotions, à les apprivoiser, à les assumer, à ne plus les cacher, à relativiser à ne plus se mentir, à s’ouvrir à la vie mais également, à l’amour. Ou en résumé, à apprendre à peindre la vie en rose ou en gris pastel plutôt qu’en noir… Que pensez-vous de tous ces ressentis ? Sommes-nous sur le mauvais chemin ou approchons-nous en ?
J’ai étudié la psychologie, je me suis intéressée au développement personnel, et j’ai une quête spirituelle forte. Je ne crois pas que l’on puisse échapper longtemps aux questions sur le sens de la vie. Nous sommes 7 milliards d’individus et nous vivons sur une planète qui est dans le cosmos, il est normal de ressentir parfois un vertige ! C’est le minimum !! Comment être pleinement soi, tout en se sentant relié aux autres ? Comment vivre sa propre vie, tout en percevant si intensément la vie des autres ? Comment questionner tout en acceptant de ne pas avoir toutes les réponses ? Etre un humain demande beaucoup de travail, un travail non salarié, ingrat, anonyme, difficile. C’est une aventure, et je ne sais pas ce qu’il y a au bout…
- Dans cette histoire, Colline âgée de seulement 9 ans apprend auprès de Clélie, retraitée. Pourquoi avez-vous décidé de créer ce lien ? Colline aurait pu tomber sur une femme beaucoup plus jeune, ou même sur un homme qui aurait pu s’apparenter à son grand-père qui sait… Alors, pourquoi Clélie ? Pensez-vous qu’une personne âgée puisse apprendre d’une petite fille ou d’une adolescente sans se sentir dépassée ? Ou se dire que son apprentissage est futile et/ou ridicule puisque l’enfant n’aura pas acquis la sagesse et l’expérience d’une personne d’un âge avancé ?
Clélie m’a été inspiré par une femme que j’ai profondément aimée, qui s’appelait Lily, et qui est morte lorsque j’avais 9 ans, l’âge de Colline. J’ai eu envie de prolonger ce lien, et d’imaginer ce qu’aurait pu être notre relation si elle avait vécu. J’ai toujours aimé les personnes âgées, et tisser des liens entre les générations me semble très importants. Dans mon premier roman Lucine, c’est Louise qui a un rapport privilégié avec son grand-père, et « Debout les Vieux! » met en scène une femme de 72 ans. Lorsque nous nous sentons en lien, avec nous-mêmes et avec les autres, cela atténue notre vertige existentiel, et cela nous fait nous sentir vivants.
- Vous parlez « d’enfants cristal », que représentent-ils pour vous ? Avez-vous fait des recherches là-dessus ou est-ce un terme que vous avez inventé de vous-même pour caractériser Colline, cette petite fille si fragile, si « éponge » à toutes les émotions ? Personnellement, je me suis plongée dans ce sujet avec avidité et je dois dire que vous m’avez apporté une très belle découverte ! Je suis fascinée par ces enfants, dans lesquels je me retrouve et en lisant certains articles, certaines facettes de votre roman ont pris tous leurs sens... Notamment, lorsque l’on voit Colline si fragile, telle de la porcelaine qui va se briser si elle tombe de trop haut. Ou encore, lorsqu'on la voit se réjouir pour un rayon de soleil qui passe à travers la fenêtre, pour la brise du vent qui lui caresse le visage…
Le terme « enfants cristal » désigne des enfants hypersensibles, qui ressentent tout avec une extrême acuité. Il est important pour ces enfants, et les adultes qu’ils deviennent, de savoir « gérer » leurs émotions, pour garder l’équilibre et ne pas être engloutis par leurs ressentis. Ces enfants ont une grande et belle âme, et il est fondamental qu’ils apprennent à trouver leur place dans ce monde agité.
Pour terminer, je souhaite vous remercier encore une fois car je vois que vous suivez certaines de mes chroniques et que vous likez même certains de mes post sur la page Facebook du blog. Vous n’imaginez même pas à quel point cela me touche, vous faites désormais partie de mes auteurs préférés, en compagne de J.K Rowling, de Zola mais également, de Ségolène Roudot. J’ai commandé « Le pays sans adulte » et « Lucine », je suis impatiente de les dévorer dès mon retour en France et surtout, d’en partager mes ressentis !
Je vous remercie beaucoup, je vous suis avec grand plaisir. Je suis moi-même très touchée par votre sensibilité et votre profondeur. J’espère que Louise, Slimane, Maxence et les autres personnages des livres que vous avez commandé vous toucheront également. A bientôt !
Je vous remercie beaucoup, je vous suis avec grand plaisir. Je suis moi-même très touchée par votre sensibilité et votre profondeur. J’espère que Louise, Slimane, Maxence et les autres personnages des livres que vous avez commandé vous toucheront également. A bientôt !